La marge d'erreur n'existe pas

Publié le par Thomas

On entend souvent regretter dans les commentaires sur les sondages l'absence de mentions relative à la marge d'erreur des résultats. Ce silence sur la marge d'erreur laisserait la porte ouverte à toutes les interprétations hasardeuses des sondages : un 51% vs 49% pourrait tout aussi bien être, en fait, un  49% vs 51%.

La marge d'erreur d'un sondage, c'est l'indication statistique établissant la possibilité d'écart des résultats obtenus sur un échantillon représentatif, par rapport à la population totale. Or, cette marge d'erreur n'est calculable que sur les échantillons construits selon la méthode aléatoire, dans lesquels les personnes interrogées sont sélectionnées au hasard. En France, les instituts de sondages ont tous recours à la méthode des quotas, notamment pour conduire des intentions de vote : les individus sont choisis en fonction de certains critères (sexe, âge, profession , ...) déjà connus dans population totale, pour faire en sorte que l'échantillon ressemble à cette population, mais à échelle réduite. A la différence de la méthode aléatoire, on ne sait pas calculer de marge d'erreur pour la méthode des quotas.

La marge d'erreur des sondages politiques français est une fiction.

Publié dans Usages des sondages

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L
La marge d'erreur est une fiction. Elle est belle, celle-là ! Et les sondages sont une fiction de scrutin... pour sûr, ce n'est pas de la science...
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T
Le titre en question était surtout un emprunt au très fameux article de P. Bourdieu, "L'opinion publique n'existe pas", qui date de 1973. Mais, apparemment, personne ne l'a remarqué. Peut-être me suis-je mal fait comprendre, mais je n'ai aucunement eu l'intention de reconnaître une quelconque "ânerie". Par ailleurs, je dois composer avec les contraintes d'espace du blog.
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S
Ça n'était peut-être pas la peine de broder des commentaires plus longs que l'article pour reconnaître à demi-mots que le titre était une ânerie !
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T
Une dernière chose: la critique qui est faite de la marge d'erreur n'a pas à être déplacée sur le terrain de l'utilité d'organiser des élections, faussement concurrencées qu'elles seraient par les sondages. C'est tout simplement une autre question, si tant est qu'on soit généreux au point de reconnaître à ce sujet un intérêt à être discuté.
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T
Quand on parle de marge d'erreur pour les quotas, on fait le postulat qu'elle du même ordre que pour l'aléatoire. C'est donc une affirmation une assertion, mais qu'on ne peut démontrer: les sondeurs s'en remettent à leur "nez", leur "intuition". Il s'agit donc d'une hypothèse, mais qui n'est pas réfutable! Une hypothèse qui n'a pas de "validité théorique stricte", mais seulement une validité "pratique", n'est pas une hypothèse scientifique. C'est là que le recours à la marge d'erreur par les sondeurs me dérange: ils prétendent faire oeuvre de science, mais on constate qu'une partie de leur travail repose sur une hypothèse impossible à réfuter ou à valider! En ce sens, la marge d'erreur "n'existe pas", c'est une "fiction". A moins que par "validité pratique", l'auteur entende le recours à la marge d'erreur comme moyen commode de mise en garde des électeurs quant à l'interprétation des résultats de sondages. Je voudrais être bien d'accord, mais: 1)cela ne suffit à faire oublier le manque de rigueur scientifique; et 2), encore faut-il que lesdits électeurs soient au mis au courant de l'existence de cette marge d'erreur. Quand je lis un quotidien ou un hebdomadaire, ou qu'on me dit à la TV que X est devant Y par 51 contre 49 (je passe pudiquement sous silence l'hilarante version "X et Y sont à 50-50"), nulle part je ne me vois indiqué qu'il y a une "marge d'erreur" à prendre en compte. Néanmoins, je fais confiance aux sondeurs pour nous le rappeler avec insistance le 23 avril, seulement si les choses tournent mal, évidemment.
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